
Après de longues recherches, il ressort de cette enquête horlogère une disparition hors norme de 4830 livres et de 1039 objets du musée-bibliothèque.
De plus, cet ensemble avait une valeur muséale, en effet, il s’agit de biens culturels qui appartiennent au patrimoine horloger français pour son rayonnement.
Le musée-bibliothèque fondé en 1880 par la Chambre syndicale d’horlogerie de Paris et abrité par l’École d’Horlogerie de Paris était constitué de nombreux dons de généreux horlogers réputés avec des objets datant depuis le XVe siècle.
En 1909, l’école et le musée-bibliothèque sont achetés par la Ville de Paris. Le conseil municipal qualifie le musée d’unique au monde.
Adrien Oudin, vice-président du conseil municipal de Paris cite en 1910 : « Nous avons voulu non seulement acheter votre école comme le disait, il y a un instant, M. Tournier, faisant une excellente affaire, acheter également votre bibliothèque, votre musée unique au monde, qui renferme des richesses inappréciables que l’on vous envie partout. Nous les avons achetés pour exercer notre continuelle surveillance sur ces trésors, pour les garder dans l’avenir et nous vous donnons l’assurance que la Ville de Paris conservera le précieux patrimoine que vous lui avez légué. »
The Horological Review, 8 septembre 1909
Revue chronométrique, 1er octobre 1909
À ce jour malheureusement, les archives de Paris n’ont pas d’inventaire, ni des objets, ni des livres ayant appartenu au musée-bibliothèque de l’École d’Horlogerie de Paris.
Au cours de mes recherches, j’ai retrouvé un document de la Chambre syndicale d’horlogerie de Paris datant de 1950 qui atteste qu’elle est toujours en possession de livres et d’objets.
À ce jour également, seulement 461 objets et 170 ouvrages du musée-bibliothèque sont répertoriés dans les réserves du Conservatoire National des Arts et Métiers par manque de place.
En 1929, la Revue de l’Horlogerie-Bijouterie indique que le musée de l’École d’Horlogerie de Paris renferme 5000 volumes et 1500 pièces de collection.
Revue de l’Horlogerie-Bijouterie, 10 janvier 1929
Ce musée permettait d’entretenir une mémoire. Il servait d’inspiration, d’exemple et valorisait le patrimoine historique et culturel du savoir-faire horloger. Les élèves pouvaient enrichir leurs connaissances grâce à la documentation et à la conservation de pièces et d’ouvrages au cours des siècles.
Véhicule des progrès industriels, ce musée montrait l’évolution de l’horlogerie, résultats de travaux de tous les siècles et des plus nobles efforts de l’esprit humain.
Jusqu’à présent et après trois années d’échanges avec M. Claude Barrier, ancien Président de la Chambre syndicale d’horlogerie de Paris et précédemment en 1964 membre du conseil d’administration de la Chambre, ne m’a rien indiqué au sujet de ce musée-bibliothèque.
La Fédération de l’Horlogerie (FH) de Paris présidée par M. Jean-Jacques Weber n’a pas souhaité me recevoir pour lui présenter mon livre.


Auguste H. Rodanet s’adressant en 1897 à M. André Lebon, député, ministre des colonies : « Votre visite de la rue Manin, Monsieur le Ministre, vous a permis de juger l’état actuel de notre œuvre. Vous avez vu les développements que nous lui avons donnés, les résultats que nous avons obtenus. Vous avez visité : l’immeuble que nous avons fait construire ; nos ateliers outillés pour 90 élèves ; nos salles de cours vastes et bien organisées ; l’internat suffisant pour recevoir 30 internes ; la bibliothèque, qui renferme près de 1800 volumes ; le musée, qui déjà comprend un grand nombre de pièces d’horlogerie et d’outils appartenant à toutes les époques. Cette bibliothèque et ce musée essentiellement professionnels nous sont d’une grande utilité. Ils nous servent non seulement pour l’enseignement de l’histoire de l’horlogerie, mais encore pour faire connaître à nos jeunes élèves les progrès successifs qui ont été réalisés depuis des siècles dans la construction des instruments servant à la mesure du temps. »
En 1899, un rapport fait au nom du Comité du Commerce de la Société d’Encouragement pour l’Industrie Nationale sur l’École d’Horlogerie de Paris, cite : « À ces éléments nécessaires s’ajoutent une bibliothèque de près de 2000 volumes, composée des ouvrages anciens et modernes, des publications en toutes langues qui traitent de l’horlogerie, et un musée où les spécialistes, les archéologues et les artistes peuvent observer par les yeux, de siècle en siècle, les modèles si variés qui ont été successivement inventés pour déterminer la marche du temps. »
George Trouillot, ministre du Commerce et de l’Industrie, en 1903 : « J’ai vu le musée dans lequel vous avez réuni des objets si curieux et si rares, la bibliothèque dans laquelle vous conservez des collections et des ouvrages d’un prix inestimable, vos ateliers où, d’étage en étage, on suit la méthode d’éducation avec laquelle vous formez vos élèves, cette série d’études par lesquelles ils passent, depuis le moment où ils ignorent les premiers éléments des arts du métal jusqu’à celui où ils parviennent à exécuter ce qu’on appelait autrefois le chef-d’œuvre, c’est-à-dire la montre admirable dont la parfaite exécution couronne tous leurs efforts. (Applaudissements) »

Le contenu du Musée-Bibliothèque représente des biens culturels avec un intérêt majeur au point de vue de l’histoire de l’horlogerie et de son art, ils font partie du patrimoine horloger français. Il s’agit d’un trésor national.
Il est étonnant que Paris ne possède plus de musée dédié à l’horlogerie. Pourtant, de nombreux maîtres horlogers parisiens réputés se sont installés à Paris dont certains avaient une renommée internationale.


